Une fois n'est
pas coutume, mais à spectacle exceptionnel,
compte-rendu exceptionnel !
Jean-Christophe renouant avec les opérettes en 1
acte de Jacques Offenbach à Briançon, nous a proposé ce dimanche 28 janvier
Pomme d'Api, opérette créée en 1873. Mais au préalable notre maestro nous offrit,
comme il en a l'habitude, quelques mises en bouche musicales mettant en valeur les talents de nos amis chanteurs et musicien autour de visages bien différents de ce génial homme de théâtre qu'était Offenbach.
D'abord un Offenbach sensible et
touchant voire nostalgique avec un extrait de Fantasio interprété par Xavier
Mauconduit accompagné au piano par Diego Mingolla.
Ensuite un Offenbach composant une
musique délicate et sublime avec la mort d'Eurydice dans Orphée aux Enfers, un
grand moment de poésie interprété par Aude Fabre accompagne au piano par Diego
Mingolla.
Enfin un Offenbach pratiquant
l'art de cultiver les contrastes, passant d'une romance d'une infinie tendresse
à la bouffonnerie la plus délirante, avec un extrait de Madame l'Archiduc interprété par
Franck Thézan accompagné au piano par Diego Mingolla.
Et pour clore ces préliminaires avant de
savourer notre petite comédie légère à la morale édifiante, notre conteur nous invite
à un petit intermède musical, laissant la parole ou plutôt la musique à notre
talentueux pianiste, le plus offenbachien des musiciens italiens d'aujourd'hui,
Diego Mingolla qui exécuta avec virtuosité La
Polka du Mendiant, "anecdotée" par Jean-Christophe sur l'origine
du titre.
L'auditoire pris plaisir à se délecter de ces mises
en bouche en laissant exploser sa satisfaction par des salves
d'applaudissements après chaque interprétation…
Pomme d'Api, pour Jean-Christophe Keck, "est
un véritable concentré du génie Offenbachien et c'est peut-être sa meilleure
pièce en un acte. Tout comme le livret, la musique est délicieuse, sensible et
spirituelle, parfaitement équilibrée entre tendresse et bouffonnerie. C'est
pour cela qu'il est indispensable que les interprètes soient d'aussi bons
comédiens que d'aussi bons chanteurs."
La ravissante Pomme
d'Api (Catherine) est, plus que d'autres imprégnée de cette ambigüité qui
reste la marque de fabrique d'Offenbach. Ses auditeurs passent sans transition
d'une situation hilarante à une atmosphère pleine d'une déchirante mélancolie
et de nostalgie romantique devant un bonheur perdu. "Le théâtre lyrique de l'époque (1873) veut des intrigues sentimentales
et aimables, traversées de gros chagrins, mais poivrées désormais de quelques
situations risquées."
"L'intrigue
est fragile comme un soufflé" disent certains, basée sur trois
personnages : une jeune femme, Catherine qui joue à la domestique (Aude Fabre),
son amant Gustave (Xavier Mauconduit) qui vient de l'abandonner pour des
raisons bassement matérielles, et l'oncle de ce dernier Amilcar Rabastens (Franck
Thézan) qui vient de la recruter (sans savoir qu'il s'agit de Pomme d'Api) personnage quelque peu licencieux, mais prêt à pardonner… à l'un comme à l'autre en
suggérant les modalités du mariage !
Et puis, quel fabuleux trio, à la fois
musical et gastronomique, que celui formé par nos trois truculents personnages
qui racontent comment faire cuire des côtelettes, à l'image du
"quintette des truffes" du Fifre Enchanté ou des couplets de la
poularde dans La Créole "qui ne sont qu'hymnes aux plaisirs et aimables
invitations à passer à table."
La magie d'Offenbach ayant opéré sans conteste,
ce trio accompagné au piano par Diego Mingolla, dirigé par Jean-Christophe
Keck, se retrouvera trissé à la demande d'un public enthousiaste jamais
rassasié de côtelettes bien cuites et grillées à souhait, et qui nous quittera sous
un tonnerre d'applaudissements !
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