vendredi 28 février 2020

Pian'Opérette du 23 février 2020 - Monsieur de Chimpanzé

Ce dimanche 23 février 2020 à 18 heures, le public s'est pressé très nombreux pour assister à une opérette, à tout le moins singulière à plus d'un titre. Jean-Christophe Keck en expliqua le cheminement après une première partie de ce concert exceptionnel assorti de quelques mises à l'oreille dont il a le secret et notamment l'ouverture du "Voyage dans la Lune" de Jacques Offenbachexécutée par notre talentueux pianiste, Diego Mingolla, suivie de plusieurs extraits inédits dont deux pièces composées par Jean-Christophe - "Solitude de la pitié" et "la chanson d'M" - pour terminer par une musique de Nino Rota extrait du "Casanova" de Fellini ; ces trois ouvrages interprétés par Jean-Christophe Keck à l'accordéon et Diego Mingolla au piano.


La seconde partie est introduite par un propos liminaire de Jean-Christophe relatif à l'opérette : Monsieur de Chimpanzé -  Livret Jules Verne - Musique J.C. Keck, qui sera résumé infra...

SYNOPSIS

Van Carcass, zoologiste, naturaliste et conservateur du Muséum de Rotterdam, vit dans un univers empli d'animaux empaillés et d'archives poussiéreuses. Parmi sa collection, Baptiste, son domestique, et sa plus belle pièce, considère-t-iI, sa fille Etamine.  Grand jour pour lui, il attend, avec impatience, sa nouvelle acquisition, le dernier chimpanzé du Brésil. Sa fille Etamine est amoureuse d'Isidore, fils d'un tulipier. Son père ne veut pas entendre parler de ce jeune homme et souhaite trouver un mari plus digne de lui... pour sa fille. Pour entrer dans la place, Isidore se déguise en singe et devient ainsi Monsieur de Chimpanzé. Van Carcass découvre brutalement le subterfuge et accepte de donner la main de sa fille à Isidore de peur d'être la risée de tout le monde scientifique, lui qui s'est laissé prendre à une peau de singe...











Jean-Christophe KECK, directeur musical et narrateur
Diego Mingolla, piano
Louise PINGEOT, soprano, Etamine
Maxime COHEN, baryton, Van Carcass
Xavier MAUCONDUIT, ténor, Isidore
Frank THEZAN, ténor, Baptiste


Très souvent applaudie par un public aux anges, ponctuée de rires voire de franche rigolade, cette opérette, magistralement interprétée, connue un succès plus que méritée, qui espérons-le voire souhaitons-le, aura des lendemains enchanteurs pour le plus grand plaisir des spectateurs...

Résumé du propos liminaire de J.C. Keck

D'abord s'agissant du librettiste de cette opérette, Jules Verne (1828/1905), qui n'est autre que le célèbre et prolifique auteur de romans fantastiques ou extraordinaires. Mais avant de devenir l'écrivain que chacun connaît, c'est aussi un passionné de poésie, d'écriture de textes de chansons et de musique puisqu'il est l'auteur de plusieurs livrets d'ouvrages mis en musique par son ami Aristide Hignard (1822/1898), natif de Nantes et mort à Amiens, comme lui... Quelques opérettes à priori créées aux Bouffes parisiens que dirige Offenbach : La mille et deuxième nuit (Hignard), Les Compagnons de la Marjolaine (Hignard 1855), Monsieur de Chimpanzé (Hignard 1858), Le Page de Mme Malbrough (Frédéric Barbier 1858) L’Auberge des Ardennes (Hignard 1860). Une collaboration s'est par ailleurs installée entre Jules Verne et Jacques Offenbach, assez agitée au sujet de "Le Voyage dans la Lune" pour Offenbach et "De la Terre à la Lune" pour Verne puis plus sereinement par la suite avec "Le Docteur Ox" ou "Le château des Carpates".
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Ensuite s'agissant de la mise en musique de ce livret "Monsieur de Chimpanzé" ; elle est due à l'ami de toujours, Aristide Hignard compositeur aujourd'hui méconnu voire ignoré. En effet, créée aux Bouffes-Parisiens que dirige Jacques Offenbach, la partition ne fut jamais retrouvée. "Ainsi, lorsqu’en 2004 Eric Chevalier, le directeur de l’Opéra de Metz, m’a offert d’écrire la musique de Monsieur de Chimpanzé, je n’ai pas réfléchi une seconde pour lui donner une réponse positive et enthousiaste. Une telle proposition ne se refuse pas, quand on sait le nombre indigent de créations lyriques qui se donnent en France de nos jours… JCK". On ne rentrera pas dans le détail des conditions dans lesquelles Jean-Christophe Keck se mit à l'ouvrage, conditions qu'il nous exposa avant l'ouverture de cette superbe pièce. Aimant la parodie, il est pour autant agacé au plus haut point par la caricature musicale et le trait forcé pour faire rire à tout pris. En fait, il a écrit simplement la musique qui lui faisait plaisir, comme elle venait, comme un jeu, sans la moindre prétention ni le moindre intellectualisme ; une musique de circonstance pleine qui a retenu toute l'attention du public, entre rires et applaudissements. Et puis voilà... dira-t-il !
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Enfin, je ne peux résister au plaisir de reprendre en guise de conclusion de cet article la déclaration de Jean-François Vinciguerra, metteur en scène de "Monsieur de Chimpanzé"au Théâtre de Metz en Novembre 2005 faisant un parallèle avec "Monsieur de Choufleuri restera... chez lui" :

 «Véritable canevas de la Commedia dell'arte, où les personnages jouent un jeu d'une vérité cruelle régi par la bêtise, la fatuité et la naïveté de l'homme (Van  Carcass -Choufleuri), l'intelligence de l'esprit et du cœur (Etamine/Ernestine), la ruse et l'intérêt (Isidore/Babylas), et le bon sens commun populaire d'un Sganarelle (Baptiste-Petermann). Quel bonheur de participer à la création d'une œuvre telle que Monsieur de Chimpanzé ! Servir à la fois la musique théâtralement talentueuse de Jean-Christophe Keck qui, par ses mélodies, a su, en utilisant à merveille le texte de Jules Verne, donner une couleur et une profondeur aux personnages tout en conservant l'esprit vaudeville. Ainsi, Isidore devient un petit cousin de Paillasse...derrière le rire, quand le masque tombe, quels sont les vrais sentiments dévoilés ?
Quant à Monsieur Choufleuri, petit bijou du Roi du Rire en Musique, nous avons là encore la réponse, signée de Saint-Rémy et Jacques Offenbach, à la question l'Homme descend-t-il du Singe ? Tous ces vains efforts que Choufleuri, Bourgeois Gentilhomme des temps modernes, déploie pour sauver son honneur... une preuve de plus que l'homme descend du singe puisque, lorsqu'il se sent perdu, il se raccroche à toutes les branches ! Réveillons l'Animal qui est en en nous afin de ne plus singer la Vérité. La Vérité est Singe ! Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite Et recevoir ces deux menteurs d'un même front, Si tu peux conserver ton courage et ta tête Quand tous les autres les perdront, Tu seras un Singe, mon fils. Ainsi, tel Konrad Lorenz, nous aurons trouvé le chaînon manquant entre le Singe et I' Homme : c'est nous ! » 
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